Une enquête révèle les failles du système de certification du bois « responsable »



La plupart des meubles en bois, des livres ou des gobelets en carton arborent une mention qui garantit que le produit est issu de forêts gérées de manière « responsable ». En théorie du moins, car ces labels échouent parfois à respecter leurs engagements, devenant complices de pratiques néfastes pour l’environnement et les communautés locales, selon l’enquête « Deforestation Inc. », menée par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et ses partenaires, dont Le Monde. Ce décalage s’explique notamment par les carences des grandes sociétés d’audit environnemental. Ces acteurs se voient confier la certification des exploitations, mais ils peinent à détecter les manquements des acteurs de la filière ou ignorent de nombreux dommages environnementaux. Alors que s’ouvre le 1er mars à Libreville (Gabon) le « One Forest Summit », destiné à enrayer la destruction des forêts tropicales, un constat s’impose donc : le système international destiné à lutter contre cette menace écologique majeure est défaillant. « Deforestation Inc. », une enquête internationale Mettre fin à la déforestation d’ici à 2030. C’est l’engagement pris par une centaine de pays à la COP26 en Ecosse, fin 2021, mais sa réalisation reste très incertaine. Failles dans les réglementations, industriels et certificateurs peu scrupuleux… L’enquête internationale « Deforestation Inc. » dévoile les mécanismes qui rendent la prédation environnementale possible. Cent quarante journalistes d’une quarantaine de médias partenaires au sein du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), dont Le Monde, ont travaillé sur ce projet. Depuis 1990, les étendues forestières qui ont disparu dépassent la surface de l’Union européenne. Les scientifiques estiment que ces pratiques sont responsables de plus de 10 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, qui contribuent au réchauffement de la planète. « Un arbre coupé, ça ne se remplace pas à l’échelle de la vie d’un homme », a notamment observé un procureur français lors du procès d’un exploitant forestier qui avait coupé illégalement des centaines d’arbres en Ariège, en 2021. Un système de certification volontaire critiqué Nos recherches sur les dossiers d’inspection, les données relatives aux violations environnementales et les dossiers judiciaires dans une cinquantaine de pays montrent que ces failles sont répandues. Nous avons ainsi identifié quarante-huit cabinets d’audit qui avaient déclaré durables les pratiques d’entreprises de produits forestiers accusées par la justice de violations telles que l’exploitation de forêts indigènes et de réserves protégées, l’utilisation de faux permis et l’importation de bois récolté illégalement. Ainsi, une entreprise brésilienne opérant en Amazonie a pu se voir certifiée, bien qu’elle ait reçu trente-six amendes depuis 1998 pour avoir, entre autres violations, stocké et transporté du bois sans documents légaux. « C’est tout le système sur lequel nous nous appuyons, sur les certifications en général, qui ne va pas », assène Grégoire Jacob, un consultant travaillant dans l’industrie des produits forestiers, à nos partenaires de Radio France. « On nous fait croire qu’on va avoir des produits plus vertueux. Parfois c’est vrai, parfois c’est faux », soupire-t-il, rejoint dans son analyse par cinq autres auditeurs et consultants forestiers qui travaillent ou ont travaillé dans le domaine des certifications en France, au Canada et aux Etats-Unis, interrogés dans le cadre de notre enquête. Il vous reste 60.56% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



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