Le réchauffement climatique est une menace particulièrement sévère pour les pays en développement, notamment en Afrique. Cette sensibilité aiguë est due à des raisons économiques et politiques, qui rendent difficile le déploiement de stratégies d’adaptation et de mitigation des risques. Les facteurs environnementaux sont aussi importants. La Corne de l’Afrique est une des régions les plus vulnérables au changement climatique, comme l’illustre la sécheresse sévère qui y sévit depuis plusieurs mois. Mais il existe aussi des facteurs sociaux qui font peser encore une autre menace, au-delà de la famine et des migrations forcées. Celle de l’augmentation et de l’aggravation des conflits armés. Le réchauffement climatique vient en effet bouleverser les équilibres sociaux, comme celui qui prévaut entre cultivateurs et éleveurs. L’élevage joue un rôle économique important en Afrique et subvient aux besoins économiques de 22 % de la population. Cet élevage est en grande partie transhumant, notamment en Afrique de l’Ouest, où il alterne entre terres agricoles et terres non cultivables. Lire aussi : Changement climatique et pression démographique, terreau de la violence au Sahel Pendant la saison des pluies, lorsque les terres agricoles sont mises en récolte, les pasteurs transhumants les quittent pour des terres moins productives mais où la biomasse est suffisamment importante pendant la saison des pluies pour que les troupeaux puissent survivre. A la saison sèche, une fois la récolte faite, les pasteurs reviennent faire paître leurs troupeaux dans les terres agricoles, qu’ils fertilisent naturellement. Ainsi est perpétuée une relation symbiotique dans laquelle les agriculteurs bénéficient de fertilisant naturel, et les éleveurs peuvent nourrir leurs troupeaux quand les terres marginales sont asséchées. Mais le réchauffement climatique, et notamment les périodes de sécheresse prolongées, a détruit cette relation et entraîné une augmentation des conflits entre cultivateurs et pasteurs (« Transhumant Pastoralism, Climate Change, and Conflict in Africa », Eoin McGuirk et Nathan Nunn, National Bureau of Economic Research, document de travail n° 28243, 2020). Les auteurs marient plusieurs sources de données à un niveau très local, selon une grille de localisation de carrés d’environ 55 kilomètres de côté : données ethnographiques indiquant les territoires des différents groupes (pastoraux ou cultivateurs), données sur l’incidence de différents types de conflits entre 1989 et 2019 (de la plus petite escarmouche au conflit étatique), données climatologiques et données satellites mesurant la croissance de la phytomasse. Il vous reste 38% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
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