Quelques jours seulement après l’annonce, mi-février, de la démission du président de la Banque mondiale, David Malpass, les Etats-Unis ont créé la surprise en désignant comme candidat à sa succession Ajay Banga. Cet Indien naturalisé américain de 63 ans fut le patron de MasterCard, qu’il a transformé en une plate-forme mondiale de paiement. Il n’a aucune expérience dans le développement, encore moins dans une institution internationale. Les Etats-Unis ont plutôt choisi un spécialiste de la transformation des organisations. Comme l’a expliqué la secrétaire au Trésor américain, Janet Yellen, dans un communiqué du 23 février, pour se féliciter de cette désignation, le nouveau président « doit faire évoluer la Banque mondiale pour relever les défis mondiaux tels que le changement climatique ». Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Derrière la démission de David Malpass, la question du rôle de la Banque mondiale face aux crises économique et climatique Les banques de développement ont un rôle important à jouer dans les pays à bas et à moyen revenu, qui n’attirent que 20 % des investissements de la planète dans le secteur des énergies renouvelables, alors qu’ils totalisent, à eux seuls, 90 % des besoins mondiaux. David Malpass, placé à la tête de la Banque mondiale par l’ancien président américain Donald Trump, n’avait pas le bon profil. Plusieurs ONG l’avaient accusé, à l’automne 2022, d’être climatosceptique, lorsque, interrogé sur le rôle des énergies fossiles dans le réchauffement climatique, il avait répondu qu’il n’« [était] pas un scientifique ». Alors que les Nations unies évaluent les besoins en investissement à 125 000 milliards de dollars (117 000 milliards d’euros) d’ici à 2050 pour parvenir à la neutralité carbone, la Banque mondiale est appelée à redoubler ses efforts dans le domaine. Même si elle y consacre déjà le tiers de ses financements, les pays riches souhaiteraient que cette part soit plus importante et, surtout, qu’elle augmente ses capacités de financement… sans que cela leur coûte rien. Un rapport d’un groupe de travail du G20, publié en 2022, explique que les banques multilatérales de développement pourraient augmenter leurs efforts à hauteur de 500 à 1 000 milliards de dollars, notamment en augmentant leurs levées de fonds sur les marchés. Investir dans la résilience Problème : les pays pauvres ne sont pas du même avis. D’abord, ils craignent que l’institution, en prêtant davantage sans augmenter son capital, ne voit sa note dégradée par les agences de notation financière, ce qui les obligerait à emprunter à des taux plus élevés. Ensuite, ils redoutent que ces efforts ne se fassent au détriment du développement. Il vous reste 38.81% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
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