Des manifestants brandissent des pancartes et des drapeaux nationaux lors d’un rassemblement contre le gouvernement à l’appel de la puissante fédération syndicale UGTT à Tunis, le 4 mars 2023. FETHI BELAID / AFP « Liberté, liberté, à bas l’Etat policier », « Stop à l’appauvrissement », des milliers de personnes ont marché à Tunis, samedi 4 mars, à l’appel du principal syndicat du pays, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), qui a appelé le président Kaïs Saïed à accepter « le dialogue ». Le chef de l’UGTT a dénoncé à la tribune une vingtaine d’arrestations récentes d’opposants au chef de l’Etat – dont des dirigeants de la principale coalition anti-Saïed – et d’un syndicaliste pour avoir lancé une grève dans les péages autoroutiers. « Nous n’accepterons jamais ces pratiques d’arrestations », a lancé Noureddine Taboubi, devant plus de 3 000 personnes réunies dans la capitale tunisienne, selon des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP). « Nous résistons pour défendre notre droit syndical et sommes unis comme les cinq doigts de la main », a affirmé M. Taboubi, dont la centrale revendique près d’un million d’adhérents et qui fait figure de pièce maîtresse du dialogue national en Tunisie. L’UGTT, très influente sur la scène politique, est engagée dans un bras de fer avec M. Saïed depuis l’interpellation le 31 janvier d’un responsable syndical dans la foulée d’un discours du président dénonçant une instrumentalisation du droit de grève « à des fins politiques ». Lire aussi : Article réservé à nos abonnés En Tunisie, le tournant répressif du régime de Kaïs Saïed Le chef de l’organisation colauréate du prix Nobel de la paix en 2015 a dénoncé de la part du président Saïed, « des règlements de comptes et des propos qui divisent la société ». Et d’ajouter : « Nous avons présenté une initiative [de réformes] avec d’autres et c’est comme si nous avions commis un crime ». Il a également lancé au président tunisien un appel « à des changements pacifiques et démocratiques ». La Tunisie endettée à 80 % de son PIB Le patron du puissant syndicat a aussi critiqué les négociations entre le gouvernement et le Fonds monétaire international (FMI), assurant que l’UGTT n’a pas été « informée en détail des propositions » de Tunis. La Tunisie, endettée à 80 % de son PIB à cause notamment du poids de sa fonction publique (plus de 650 000 salariés), négocie une aide du FMI de près de 2 milliards de dollars, mais les pourparlers traînent depuis la mi-octobre. De nombreux manifestants brandissaient des baguettes ou des couffins vides pour dénoncer l’inflation qui dépasse les 10 % par mois et des pénuries sporadiques de denrées alimentaires de base (lait, café, sucre et huile). Une nouvelle fois, M. Taboubi a totalement rejeté l’idée « d’une levée des subventions » étatiques aux produits de base (carburants et aliments), une des contreparties à l’octroi des aides par le FMI. Le dirigeant syndical a aussi défendu « les droits » des migrants. « La Tunisie est un pays de tolérance, “non” au racisme », a-t-il déclaré, après des agressions en Tunisie contre les ressortissants subsahariens qui ont suivi le discours de M. Saïed contre l’immigration clandestine. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés « Le régime de Kaïs Saïed en Tunisie n’a pas changé de nature, mais de degré de répression » Le Monde avec AFP
Source link